À Perpignan, Eric Bleuse délégué de la Mutuelle des Motards a créé, il y a près de vingt ans, son entreprise : Moto Casse 66. Une activité d’épaviste souvent décriée et aujourd’hui bouleversée par l’arrivée d’Internet.
Comment as-tu commencé ?
En 1997, je donnais un coup de main à un copain qui venait d’ouvrir une casse 4x4. J’ai ainsi croisé le chemin de Guillaume Lachambre, le frère de Gérard qui est le fondateur d’Aulnay Motos Pièces, à Sevran (93). Nous avons sympathisé autour d’une passion commune, le side-car. Ce fut le déclic.
Cela a fonctionné tout de suite ?
Oui, parce que je travaillais beaucoup, avec cinq ou six casses pour m’approvisionner. En revanche, avec les experts et les assurances, il m’a fallu au moins trois ans pour être reconnu. Ils se méfient des nouveaux venus.
Justement, comment fonctionne une casse ?
Il existe deux systèmes pour récupérer des épaves. Il y a d’abord les conventions signées avec les assurances (comme la Mutuelle des Motards). Là, tu es obligé de tout prendre, peu importe l’état de la moto. Il y a aussi les appels d’offres, via un expert. Tu fais une proposition d’achat à l’aveugle et le plus offrant remporte la moto.
On dit toujours «casseur» ?
Non, le terme était bon dans les années 70 mais nous ne sommes plus dans des entreprises façon décharges, avec de l’huile partout. La bonne appellation aujour-d’hui est «épaviste moto».
Qu’est-ce qui a changé ?
De la relation téléphonique avec le client, nous sommes passés à Internet. Mais le véritable bouleversement, c’est l’arrivée d’eBay et du Bon Coin. Ces sites ont cassé le marché professionnel de la pièce d’occasion et nous ont obligé à nous réorganiser.
De quelle façon ?
De quatre salariés, nous sommes, hélas, passés à deux. Maintenant les pièces sont démontées, nettoyées et bien présentées pour être proposées en ligne. Le gros du travail se passe la nuit, entre 21h30 et 1h du matin. Je suis devant mon ordinateur et je réponds aux recherches des motards. Si je ne fais pas cela, les clients vont tout simplement chercher ailleurs.
Les casseurs avaient la réputation d’être des voleurs, c’est toujours le cas ?
Je pense que cela a existé mais ces gens-là se font attraper à un moment. Toutes les pièces qui rentrent chez moi sont référencées et je suis capable de retracer leur provenance.
Il est encore possible de vivre de ce métier ?
Oui, mais il faut penser à constituer son réseau. Pour que mon affaire devienne vraiment viable, il m’a fallu sept ans. Ce qui fonctionne, c’est le sérieux. À long terme, le bouche-à-oreille paie