Madame le directeur

Déjà auréolée du statut de « Première pilote féminine en Europe à remporter un championnat moto mixte », la voilà nommée « directeur technique » (Sic) d’une école de pilotage moto, situation tout aussi inédite sur le vieux continent pour une femme. Pour autant, « Nath » chausse toujours la même taille de casque et ne semble pas être susceptible de prendre la grosse tête à court terme. « Je ne suis pas le genre à me la raconter » dirait-elle sans doute dans son vocabulaire direct et sans ambages. « Je ne suis pas pilote » aime d’ailleurs rappeler celle qui est aussi infographiste dans la vie « normale » et qui considère comme un bonus extraordinaire son parcours à moto depuis maintenant une quinzaine d’années. Car Nathalie n’a pas toujours été motarde et, en dépit d’un caractère manifestement entier et de l’attraction que la moto exerçait sur elle depuis toujours, elle a passé son permis A bien après sa majorité, et… sans le dire à sa mère ! « C’était dans les années 90. Une fois le permis en poche, avec mon conjoint, motard également, on a respiré, dormi, mangé… moto.» Le début d’une belle aventure. Elle tâte de la piste et adore ça, a l’opportunité de rouler en compétition et décroche d’emblée la première année (2004) un titre de championne de France en Championnat Pro Classic Unlimited  au guidon d’une Yamaha 350 TZ. « Je n’avais aucune prétention donc aucune pression ! » souligne Nath. Puis elle s’essaye à la « compète moderne » (Super Roadster Cup), à l’endurance (Bol d’Or, 24 H de Barcelone…), suit quelques stages.

« Là, j’ai découvert que la pédagogie m’intéressait. Autour de moi, on me disait que j’avais une façon personnelle d’expliquer les choses qui fonctionnait bien. Alors je me suis lancée et j’ai préparé le Brevet d’État d’éducateur sportif moto. » Presque quadra, la voilà mêlée aux pilotes pro sur des sessions de cross et d’enduro, à préparer le tronc commun aux « BE », un diplôme au niveau assez relevé. « J’ai bien morflé ! Mais je ne regrette pas. J’ai préparé ce diplôme dans le cadre du droit à la formation, en conservant mon emploi. Une fois le BE en poche, je n’avais pas de pression. Je ne voulais pas vendre mon âme et faire des choses qui ne me correspondraient pas. Je n’ai pas une vie de pilote. Je travaille dans le privé et je pose des jours de congé pour assurer les stages. C’est, je crois, ce qui me permet de garder la proximité avec mes stagiaires. Les gens recherchent la petite phrase qui fait la différence, ils apprécient mon franc-parler. »

Une approche atypique, une énergie communicative, une passion débordante, c’est sans doute les raisons qui ont conduit les responsables du récent (et magnifique) circuit de la Ferté Gaucher (77) à faire appel à elle pour lancer et diriger l’école de pilotage moto : LFG Motos. « C’est juste un truc incroyable !

J’ai une chance inouïe. Alors c’est vrai que cela demande des sacrifices personnels, mais j’aime tellement ces moments de partage et on a la chance d’avoir un outil au top. » Du baptême moto au cours particulier, en passant par les journées de roulage et les stages de tout niveau, Nath n’a qu’un seul objectif : « Que nos stagiaires prennent du plaisir en progressant ! Il n’y a rien de plus gratifiant pour nous que de voir des yeux qui brillent ! Comme quand ils posent le genou pour la première fois. »

Et pour cela, elle a mis en place une structure rigoureuse, avec un encadrement performant. « Pour moi, un bon débutant fera un bon intermédiaire, et plus tard un bon confirmé. D’où la nécessité d’un accompagnement sérieux dès la découverte de la piste. Nos formules reposent sur plusieurs principes : les gens ne sont jamais tout seuls, les temps de roulage sont importants mais bien rythmés, et l’échange est primordial. On n’a pas le droit de donner la moitié d’un conseil ! Nos stagiaires sont nos clients avant tout. » Sans oublier la bonne humeur, une constante chez Nathalie ! « On essaye de passer de bons moments ensemble sur la piste, pendant les repas, le midi ou le soir pour les stages sur deux jours. Cette convivialité est précieuse. »

Et de conclure : « Ce que je sais aujourd’hui, ce que j’essaye de transmettre à mes stagiaires, j’aurais bien aimé en profiter à mes débuts ! Cela m’aurait éviter bien des galères et peut-être quelques fractures et traumas crâniens ! » plaisante celle qui place la sécurité de ses clients au premier plan.

Quant aux râleurs qui jasent sur sa place de femme dans le milieu, elle balaye la question… « Être une fille à mon poste dans ce milieu ? Ça fait des jaloux, c’est sûr. Mais je m’en fous ! Perso, je profite de chaque instant, ce que je vis est génial. La vie est trop courte pour se prendre la tête ! »

Les responsables du circuit de la Ferté-Gaucher (Seine-et-Marne) ont fait appel à Nathalie Betelli pour créer et développer une école de pilotage moto (LFG Motos) sur le site, qui a ouvert ses portes en 2008.

Elle a découvert la piste presque par hasard et ce fut immédiatement une révélation ! Depuis, Nath a usé ses sliders sur de nombreux circuits, comme pilote engagée en compétition, et comme “prof” depuis l'obtention de son brevet d'état.

Nathalie encadre aussi les journées piste de la Mutuelle des Motards. Découvrez les dates sur lesquelles vous pouvez rouler avec Nathalie ICI.

Parcours :

1994 : obtention du permis A.

2004 :
(février) premiers roulages sur circuit.
(avril) début en compétition championnat de France ProClassic Unlimited sur Yamaha 350 TZ. 
(octobre) six épreuves plus tard, elle décroche le titre et devient la première femme en Europe à remporter un championnat de vitesse mixte.

2010 : entre en formation pour préparer le brevet d’état d’éducateur sportif.

2011 : obtention du diplôme d’éducateur sportif.

2014 : le circuit de La Ferté Gaucher, créé en 2008, fait appel à Nathalie pour créer une école de pilotage moto premium. 

2015 : mars/avril, ouverture officielle de LFG Motos, Nathalie Betelli devient la première femme en Europe à occuper les fonctions de directeur technique d’une école de pilotage.