Circulation inter-files : en route vers une seconde expérimentation
Depuis le 1er février 2016, la circulation inter-files fait l’objet d’une expérimentation sur certaines routes de 11 départements français, pour une durée de 4 ans renouvelé 1 an. Si on s’en fie au calendrier, d’ici quelques jours, cette expérimentation sera donc terminée. Mais attention à ne pas tout confondre, il n’est pas juste d’affirmer que la circulation inter-file sera interdite à partir du 1er février… puisqu’elle n’a jamais été autorisée. Quelques rappels s’imposent.
La circulation inter-files était-elle autorisée jusqu’à présent ?
La réponse est non. Sans équivoque. La circulation inter-files n’est pas autorisée par le Code de la Route. En effet, cette manœuvre est assimilée à un dépassement non autorisé, puisqu’en circulant entre deux files de voitures, le 2-roues effectue nécessairement le dépassement d’un véhicule par la droite. La responsabilité du conducteur du 2-roues sera donc au moins partiellement, voire totalement engagée. De plus, si la manœuvre est effectuée alors qu’une ligne longitudinale continue axiale ou séparative de voies de circulation (bande blanche, zebras) est apposée sur la chaussée, l’infraction est également caractérisée, quel que soit le cas de figure (bouchon, file à l’arrêt, etc.).
Alors, pourquoi parle-t-on d’interdiction à partir du 1er février ? Y a-t-il un rapport avec l’expérimentation ayant débuté en 2016 ?
Tout à fait, mais il ne faut pas confondre interdiction et fin d’expérimentation. Cette expérimentation d’une durée de 5 ans a été mise en place le 1er février 2016 dans 8 départements d’Ile-de-France ainsi que dans les Bouches-du-Rhône, la Gironde et le Rhône.
L’objectif de l’expérimentation était de mieux comprendre et d’optimiser le partage de la route pour pouvoir à terme autoriser la circulation inter-files, dans un cadre sécurisé.
Sur ces 5 années, la circulation inter-files a ainsi été autorisée dans des conditions strictement définies. 3000 kilomètres de voiries étaient concernées dans les 11 départements cités. Il s’agissait uniquement d’autoroutes et routes à au moins deux-voies séparées par un terre-plein central et où la vitesse maximale autorisée était supérieure ou égale à 70km/h.
En dehors de ces zones expérimentales, la circulation inter-files est restée strictement interdite. Il n’y a donc aucun changement prévu dans le Code de la Route au 1er février 2021.
En savoir plus sur la 1ère expérimentation
Le bilan de cette expérimentation
Le CEREMA (Centre d’études et d’expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), organisme en charge de l’évaluation de l’expérimentation, vient de publier les premières conclusions. Le rapport a été transmis à la DISR (Déléguée interministérielle à la Sécurité Routière) qui, à ce stade, s’est exprimée sur certains résultats. Ce rapport montre que l’accidentalité pour les usagers concernés a augmenté de 12% sur les routes concernées par l’expérimentation alors qu’elle a baissé de 10% sur les autres routes des départements concernés.
Attention toutefois car la hausse s’est nettement stabilisée au fil des années. De plus, les données d’analyses étant faibles, il convient de les étudier avec précaution et la DISR affirme d’ailleurs observer des incertitudes quant aux données analysées.
À ce jour, les résultats ne sont donc pas assez étoffés pour permettre une prise de décision sur le sujet.
Parcourir le rapport d’évaluation publié par le CEREMA
Quel avenir pour la circulation inter-files ?
Les conclusions de cette 1ère expérimentation et le rapport publié par le CEREMA ne sont aujourd’hui pas assez significatifs pour intégrer la circulation inter-files dans le Code de la Route. Cette pratique restera donc interdite, hors zone expérimentale.
La Sécurité Routière n’abandonne pas le sujet, et Marie Gautier-Melleray, Déléguée interministérielle à la Sécurité Routière affirme par ailleurs :
Une nouvelle expérimentation, avec des règles adaptées, pourrait donc être envisagée afin de pérenniser cette pratique en toute sécurité.
Ce nouveau projet d’expérimentation a par ailleurs été confirmé par des représentants de la FFMC, en réunion avec la DSR sur le sujet ce mercredi matin. Le cadre devrait être similaire mais les zones géographiques pourraient même être élargies. Cette démarche œuvre dans le bon sens : aller vers un partage de la route encadré et sûr pour tous les utilisateurs. C’est en conservant notre bon sens et le respect mutuel que chacun participe à son niveau à la mise en place future de cette nouvelle mesure !