Atelier associatif Mecatech Developpement : collectif mécanique

Très en vogue dans les années 90, les ateliers associatifs sont peu à peu tombés en désuétude. Les motos, bardées d’électronique, seraient devenues trop complexes à entretenir par un amateur. Quant au motard moderne, il aurait perdu le goût du cambouis. Khayyam Jan prouve le contraire avec Mecatech.
Difficile de se lancer dans un projet de préparation ou de réviser soi-même sa moto lorsque l’on ne dispose pas d’un lieu d’intervention. Parce qu’un bout de trottoir n’a jamais été idéal pour faire une vidange, un changement de plaquettes ou raccourcir la boucle arrière du cadre, l’atelier participatif Mécatech ouvre ses portes aux amateurs de self-mécanique et de « DIY » (Do It Yourself).
Solidarité engagée
« J’ai toujours été intéressé par la mécanique » explique Khayyam, 28 ans, à l’initiative du projet. Il n’hésite pas à faire le lien entre ses études de médecine et la réfection des moteurs : « Le corps humain est aussi une machine », plaisante-t-il. Lorsqu’il crée ce lieu en 2016, l’objectif affiché est d’utiliser la clé plate pour redonner leurs lettres de noblesse aux valeurs de solidarité et d’entraide chères au milieu de la moto.
Passion partagée
L’aventure commence en 2011, quand Khayyam confie à son mécano, Sergio, son souhait d’apprendre la mécanique. Le chef d’atelier, passionné lui aussi de moto et cultivant le souvenir d’un grand-père pilote d’usine Triumph et de plusieurs participations à des courses d’endurance, l’initie aux arcanes du moteur thermique. En contrepartie, Khayyam se charge de lui ramener les pièces dont il a besoin pour faire tourner son commerce. De cet échange de bons procédés naît une réelle amitié entre les deux hommes. Une fois Sergio à la retraite, ils décident de prolonger l’expérience avec Mecatech.
Atelier performant
Sous l’impulsion des deux hommes, l’atelier associatif s’installe au Crès (34 - Hérault) dans les locaux de Montpellier Aviation. Cette petite usine spécialisée dans l’assemblage d’hélicoptères d’épandage dispose déjà de tout l’outillage nécessaire. Le lieu permet aux motards d’intervenir eux-mêmes sur leur propre machine contre une cotisation annuelle de 50 €. La cinquantaine d’adhérents peut compter sur les différents outils et sur les conseils avisés de professionnels de la mécanique.
Interventions variées
La nature des interventions est très large. Elle va de l’élémentaire révision à la réfection d’un embrayage en passant par la peinture de pièces, sous le haut patronage du carrossier José Whitepaint, ou la préparation de machines pour la piste. Khayyam a en effet développé le goût du circuit où il tourne avec une Triumph 675 Daytona, une KTM 690 SM ou une Kawasaki ZX6R. Mecatech prête d’ailleurs régulièrement main forte à Auricla Racing Team qui intègre des pilotes sourds et malentendants dans des courses d’endurance.
Adhérents conquis
Le public est également varié : de l’ado venu retaper son 50 cm3 au sexagénaire qui peaufine ses Moto-Guzzi, sans oublier cette quadragénaire qui prépare une machine pour s’initier au circuit. Les femmes sont, en effet, bien représentées chez Mecatech. Khayyam l’explique sans mal : « En se rendant dans une concession, elles craignent peut-être davantage que les hommes de ne pas être prises au sérieux. Le coup de l’intervention facturée mais non réalisée n’est malheureusement pas une légende », soupire Khayyam. Réaliser son entretien soi-même au sein d’un atelier associatif tel Mecatech est donc un moyen de se prémunir de ce genre d’indélicatesse. Mais c’est surtout l’occasion de découvertes et de rencontres, de partage d’une passion commune.