Les hivernales

Complètement givrés
créé le 04/01/2018 et mis à jour le 08/03/2023

Congères, neige, températures négatives : tel est le tiercé gagnant d’une hivernale réussie. Ces concentrations restent très prisées. Chaque année, elles réunissent en effet des milliers de motards convaincus que le plaisir au guidon est d’autant plus grand que la température est basse et la route impraticable.

Gérer l'imprévu

Christian Raynal est délégué bénévole de la Mutuelle des Motards et grand amateur d’hivernales. L’Albigeois ne raterait pour rien au monde le pèlerinage de l'Authentic. Il s’y est de nouveau rendu cette année avec un ami, Charlie, au guidon d’un attelage BMW R 1200 LT / Héchard. Reste qu’il ne suffit pas de vouloir se rendre à une hivernale, encore faut-il les atteindre. Cette année, Christian et Charlie se sont retrouvés bloqués à huit kilomètres de l’arrivée. Rageant ! 

Side-car favori

« En approchant du plateau, la Burle – tempête glaciale chargée de neige – s’est levée. La route a gelé instantanément et des congères suffisamment hautes pour nous empêcher de passer se sont formées. Avec son pneu proche du garde-boue, le panier Héchard ne permet pas d’installer une chaîne. Nous avons donc jeté l’éponge pour nous réfugier dans le restaurant le plus proche. Il y avait déjà un tas de gars à l’abri qui, comme nous, n’avaient pas pu monter. Bonne ambiance, mais malgré tout, rebrousser chemin à huit kilomètres du but, après quatre heures de route en décembre, c’est frustrant ! », concède Christian. « C’est d’autant plus dommage qu’il y avait de la neige. L’an passé, malgré - 13°, ce n’était pas le cas ».


Ceux qui sont arrivés se sont réveillés le lendemain parfois coincé dans la tente à cause des congères !

Enfer paradisiaque

La déconvenue est d’autant plus grande que « les side-cars partent clairement favoris sur ce genre d’épreuve », complète Christian, qui roule pour sa part en BMW R 1200 RT et R 1000 RS. Les attelages, très souvent assurés à la Mutuelle avec le contrat « Side by side », sont privilégiés pour leur stabilité sur le verglas et leur capacité d’emport. Le coffre du panier sert à transporter la tente, le réchaud et les victuailles.

Le rassemblement de l'Authentic constitue d’ailleurs une occasion en or de découvrir des engins bizarres. Beaucoup de side-cars Oural et Dniepr et des antiquités à moteur deux-temps - « qui feraient bondir Anne Hidalgo jusqu’au sommet de la Tour Eiffel » - mais qui démarrent au quart de tour, même par -15°, s’y donnent rendez-vous. En moto, les petites cylindrées sont privilégiées, car plus faciles à relever après les immanquables glissades qui font partie intégrante du folklore.


Ou sinon : on met des skis !

Millevaches ou Millevaches ?

Malgré la rigueur du climat qui met à rude épreuve la résistance des motards, l'Authentic fait toujours rêver, avec centaines d'inscrits cette année. La raison tient à l’authenticité du rendez-vous et à son faible coût. 

« Ici, personne ne joue du rupteur ou ne passe la nuit à faire des burns. Tu n’es pas perçu comme une poule aux œufs d’or, car en rentrant sur le campement, on ne te facture que 10 € pour le bois de chauffage. Ensuite, tu te mets au coin du feu pour un échange de sandwichs et de boissons de fabrication maison, parfois improbables. Bref, l’ambiance est excellente. Ultime avantage, le froid a le mérite de conserver les dinosaures que nous sommes devenus ».

À en croire le rire de gamin avec lequel il narre ses mésaventures, le presque sexagénaire Christian dit vrai : aucun doute, le froid conserve !

Chaque année, certains s’inscrivent à l’une et se rendent sur le lieu de rassemblement de l’autre, forcément désert !

Avant de s’inscrire et de prendre la route, encore faut-il savoir quelle concentration des Millevaches choisir. D’un côté, la concentration dite officielle, organisée en Corrèze, sur le plateau de Millevaches, par le moto-club de Meymac entre 1969 et 1974 puis de 2009 à nos jours. De l’autre, la concentration « Authentic », initiée par le moto-club pirate « Les Millevaches » depuis 2013 et qui se déroule en Auvergne sur le plateau du Cézallier. Heureusement, les deux concentrations ne se déroulent plus à la même date, mais les confusions restent nombreuses.